Des primaires et du prix

Il y a parfois des télescopages dans l’actualité, c'est notamment le cas à propos des primaires qui se déroulent actuellement aux États-Unis et qu'on prépare activement en France du cote des républicains. L’avantage du système est de dégager le terrain pour les leaders qui sont assurés de décrocher le ticket gagnant face aux outsiders. Il faut de l'argent, de l’énergie et des troupes pour mener la course en tête. A ce jeu-là, Donald Trump fait figure de favori chez les Républicains américains. Mais c'est uniquement parce qu'il monopolise l'attention des médias par des déclarations intempestives. On s'apercevra au moment du vote dans les primaires des États de la cote Est notamment qu'il ne figurera pas dans le tierce gagnant. La plupart des leaders de son parti le jugeant bien trop incontrôlable. Côté démocrate malgré ses difficultés. Hillary Clinton fait figure de favorite, å condition de ne pas laisser le champ libre å un Joe Biden qui l’attend en embuscade, malgré son âge.

Chez nous en France, le duel pourrait se résumer à un affrontement Sarkozy-Juppé, le premier ayant l'avantage de tenir les rennes du parti malgré la popularité du second chez les citoyens français. Du reste, chez les socialistes, on ne s'y trompe pas. François Hollande préfèrerait un duel avec Sarkozy dont il pourrait sortir gagnant, ce qui serait bien plus difficile face il Alain Juppé. D'ailleurs, à l’Elysée, on prépare la suite des élections régionales qui s'annoncent catastrophiques pour le pouvoir. Il se murmure de plus en plus que le président pourrait dissoudre l'Assemblée au lendemain du scrutin afin de laisser la droite gérer le gouvernement pendant un an, dans une période où le chômage stagne, et démontrer ainsi l’incapacité des autres à faire mieux que Manuel Valls. En 1997, Jacques Chirac avait risqué le coup, perdant la majorité mais s'imposant facilement en 2002. François Hollande a certes des défauts, mais c'est un excellent stratège en matière d’élections...

A ce jeu-là, la France ne sort guère renforcée... l’année 20l6 risque d'être difficile, dangereuse en raison des risques d'attentats, et agitée. Elle le sera autant aux États-Unis où la violence se banalise un peu plus chaque année, de tuerie en massacre on ne voit plus la fin de cette spirale infernale qui mine la démocratie américaine depuis des décennies.

Venons-en aux prix littéraires qui seront connus le mois prochain, parmi les favoris je m'attarderai sur trois titres A lire cet automne :

• 2084, de Boualem Sansal. Un roman d’anticipation qui fait froid dans le dos, il y est question d'un empire intégriste nommé l'Abistan... de quoi réfléchir sur ce qui nous attend si nous restons l'arme aux pieds.
• L’imposteur, de Javier Cercas, une histoire qui se confond avec celle de l'Espagne contemporaine dans un temps trouble par les menaces de sécession de la Catalogne. Une étude passionnante sur les fantômes permanents de l'Espagne.
• La petite femelle, de Philippe Jaenada, un fait divers narratif retraçant la vérité intime de Pauline Debuisson. Un superbe polar qui fait figure d'outsider pour le Goncourt.

Verdict chez Drouant avec mon confrère Bernard Pivot que je salue affectueusement.

Je vous retrouve avant la fin du mois pour d’autres nouvelles.